MON PARCOURS
J’ai découvert la céramique pendant mes études. J’étais à la fin de ma deuxième année d’Histoire de l’Art et de Littérature Anglaise à l’Université de Zurich (CH) et je ressentais un grand besoin de faire, de créer quelque chose avec mes mains.
Depuis toujours j’aime dessiner, bricoler, tricoter, cuisiner, … bref, je suis une grande manuelle ! Mes études m’intéressaient beaucoup mais ne me comblaient pas vraiment, ou pas complètement. Je me suis donc inscrite à un cours du soir, « la porcelaine modelée à la main », et cela a été une grande révélation ! Dès la première séance c’était comme une évidence que je voulais travailler avec la porcelaine, au point où j’ai décidé quelques semaines plus tard d’arrêter mes études en cours et de suivre mon intuition que la céramique m’appelait !
Le choix de l’Angleterre, de Londres, pour y étudier la céramique, est venu très vite. Tout d’abord, l’envie de partir étudier à l’étranger me trottait dans la tête depuis mes 15 ans après un premier séjours linguistique en Angleterre. Ce pays m’avait tant plu, et en plus on y trouvait un grand choix de cursus pour étudier la céramique.
J’ai été prise à la University of Westminster, Harrow Campus qui proposait à l’époque un Bachelor of Arts in Ceramics. C’en sont suivies trois années riches en apprentissages des différentes techniques de façonnage, une réflexion continuelle sur la place de la céramique dans l’Histoire jusqu’au temps présent, la céramique dans l’histoire de l’art, comprendre et savoir faire ses propres émaux, la construction d’un four chauffé au gaz ou au bois, des cours de dessin, de photo et d’impression, etc.
Au fil de ces trois années, chacun devait découvrir et trouver en soi quelle direction il/elle voulait prendre dans son travail d’artisan.e céramiste : les objets du quotidien, l’utilitaire, ou plutôt le sculptural (concret/abstrait), ou encore travailler en installation, peut-être même en associant d’autres matériaux.
Ma première attirance a été pour les bols, les récipients du quotidien. Bien qu’ayant appris à tourner au tour électrique j’ai rapidement délaissé cette technique pour ne façonner mes pièces qu’avec mes mains et peu d’outils. J’ai tout de suite voulu garder la fraicheur et la spontanéité de l’empreinte sur l’argile. J’ai toujours recherché à ce que chaque pièce ait son propre caractère, son côté unique parmi les autres.
J’ai beaucoup réfléchi aux rapports que nous pouvions avoir avec certains objets telle une tasse fétiche, un bol à soupe, ou un vase. Les rituels autour du partage de nourriture, les repas, le quotidien dans nos foyers…. L’individualité de chacune de mes pièces peut refléter le caractère unique de chaque personne.
Peu à peu, je me suis intéressée aux histoires que pouvaient raconter les objets, et aux personnes qui y étaient intimement liées.
Ma troisième et dernière année d’étude a été marquée par un travail figuratif et très personnel. L’inconscient et l’imaginaire étaient à la source de ma réflexion créative qui traitait principalement de la vulnérabilité de l’être et des changements continuels de la vie. Le fil rouge de mon travail était la recherche de tout ce qui n’est pas fini et ce qui est en développement et croissance, même ce qui est un peu défait ou en marge, de travers ou singulier. De cette réflexion est né toute une série de personnages qui, bien que « muets », tentaient à parler de la vulnérabilité de l’être et des changements continuels de la vie.
A la fin de mes études en 2003 je suis encore restée un an en Angleterre en tournant le dos à l’agitation de Londres pour me mettre au vert (à la campagne dans le Devon) parmi un groupe d’artistes/artisans d’orientations artistiques très diverses. Je garde de cette année un échange et partage interdisciplinaire très enrichissant.









